TSE MAG 26 - Les mythes de la polarisation

Cet article a été publié dans le magazine de vulgarisation scientifique de TSE, TSE Mag. Il fait partie du numéro paru au printemps 2024, dédié à la "révolution climatique". Découvrez le PDF complet ici et écrivez-nous pour recevoir une copie imprimée ou nous partager vos impressions, à cette adresse.

Contrairement au consensus scientifique sur les origines et les conséquences de la crise climatique, les politiques d'action climatique sont loin d'être incontestées par le public. Marijn Keijzer, sociologue informatique à l'IAST, étudie comment se forment les attitudes pro-environnementales et comment la fausse polarisation peut entraver l'action collective.   

QU'EST-CE QUE LA FAUSSE POLARISATION?  

Les gens ont l'impression que nos sociétés occidentales sont de plus en plus polarisées, mais il y a peu d'éléments tangibles qui le prouvent. Pour autant, la fausse polarisation - la perception que la société est plus polarisée qu'elle ne l'est en réalité - est bien nuisible, car elle renforce la polarisation affective, c’est-à-dire la manière dont les défenseurs d’une position développent des sentiments négatifs envers celles et ceux qui ne pensent pas de la même manière. Une situation qui peut in fine empêcher toute action efficace. 

COMMENT LA SCIENCE DES RÉSEAUX PEUT-ELLE CONTRIBUER À LA LUTTE POUR LE CLIMAT?    

Dans mon projet "Unpacking the Polarization Perception Paradox", j'étudie les explications de la fausse polarisation sur l'action climatique. Je cherche à comprendre comment l'influence sociale peut expliquer les comportements pro-environnementaux. Ce qui m’intéresse, c’est de savoir comment ce que nous faisons et ce que nous croyons résulte des attitudes et des actions auxquelles nos réseaux sociaux nous exposent. Je cherche à comprendre comment la consolidation des croyances - l'alignement des croyances au sein des groupes - affecte notre volonté de nous adapter aux autres. Et comment les étiquettes d'identité politique empêchent, ou parfois favorisent, la "contagiosité" de l'environnementalisme. 

Prenons l'exemple du végétarisme. Le fait que les végétariens sont souvent amis avec d'autres végétariens nous indique que la sélection ou l'influence doit jouer un rôle dans les choix alimentaires que nous faisons. Mais les amis végétariens influencent-ils vraiment ce choix directement ou plutôt indirectement, par le biais de l'influence des croyances pro-environnementales qui déclenchent un régime alimentaire soucieux de l'environnement ? Finalement, quels sont les amis les plus importants pour changer nos convictions politiques?