TSE MAG 26 - Croissance de l'empathie

Cet article a été publié dans le magazine de vulgarisation scientifique de TSE, TSE Mag. Il fait partie du numéro paru au printemps 2024, dédié à la "révolution climatique". Découvrez le PDF complet ici et écrivez-nous pour recevoir une copie imprimée ou nous partager vos impressions, à cette adresse.

La croissance, oui, mais laquelle? L'économie ne se limite pas à des préoccupations purement monétaires et financières, elle s'intéresse également aux aspects sociaux et comportementaux de la vie. C'est ce qu'a expliqué Ingela Alger, directrice de l'Institut d'études avancées de Toulouse (IAST) et responsable du département des sciences sociales et comportementales de TSE, lors de l'événement Futurapolis, organisé à Toulouse par le magazine Le Point.  

EMPATHIE POUR LES GÉNÉRATIONS FUTURES

"À la lumière du changement climatique et de la dégradation de la biodiversité, il est utile de considérer deux scénarios futurs extrêmes. Dans le premier, nous continuons à vivre et à consommer comme nous le faisons aujourd'hui. Le second repose sur la baisse drastique la consommation de biens non essentiels pour réduire notre empreinte carbone et écologique globale. En fin de compte, la question n'est pas de savoir si nous pouvons combiner la croissance économique et une société écologiquement saine, mais quel type de société nous souhaitons construire, pour les générations actuelles et futures.  

Des facteurs comportementaux tels que l'empathie peuvent être fondamentaux pour que des transitions majeures se produisent. Sans empathie pour les personnes particulièrement exposées au changement climatique, nous risquons de renforcer le fossé déjà important entre les grands perdants du changement climatique et ceux qui ne sont pas très affectés. Les "Gilets Jaunes" furent par exemple une illustration concrète de ce fossé. Les jeunes sont particulièrement menacés: pensons à eux et aux conditions dans lesquelles ils devront évoluer.  

L’empathie est vraiment au cœur de la solution. Penser la société à travers le prisme de la croissance, certes, mais surtout d'une croissance des comportements écologiquement responsables, d'une croissance de l'empathie, d'une croissance des investissements écologiquement sains. C'est là que réside notre pouvoir de changer les choses."

ÉTUDIER LA COMPLEXITÉ HUMAINE

Ingela dirige l'IAST depuis 2021. Imaginé par Jean Tirole en 2011, ce centre de recherche en sciences sociales créé des ponts entre les disciplines et rassemble des experts de domaines différents mais complémentaires. Le succès de la communauté IAST a conduit, l’an dernier, à la création du Département des sciences sociales et comportementales au sein de TSE.  

"Les économistes avaient l'habitude de considérer l'être humain comme quelqu'un qui ne recherchait que le bien-être matériel, mais l'Homo sapiens n'est pas cet Homo oeconomicus", explique Ingela. "À l'IAST et au département des sciences sociales et comportementales, nous étudions toute la complexité des motivations humaines, y compris la moralité, les normes sociales, les croyances religieuses, ainsi que les adaptations culturelles et institutionnelles. Nos économistes collaborent avec des anthropologues, des biologistes, des historiens, des psychologues, des politologues et des sociologues pour parvenir à une compréhension holistique du comportement humain."

EN SAVOIR PLUS

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